Concentration des services alimentaires au SCC — nouvelle étape de la privatisation de nos prisons

Le Service correctionnel du Canada a annoncé qu’il allait procéder à la concentration des services alimentaires dans ses pénitenciers sous le prétexte des économies à réaliser. Le SESG n’est cependant pas convaincu que ces économies perçues peuvent compenser les incidences négatives qu’aurait sur les délinquants une telle démarche. Ce faisant, le SCC privera les détenus de l’occasion d’acquérir des compétences professionnelles et interpersonnelles susceptibles de leur être utiles plus tard. De plus, on craint pour la qualité de la nourriture produite de façon centralisée. Et enfin, en changeant la façon de produire la nourriture dans les institutions, le SCC passe davantage au modèle américain de traiter avec les délinquants, c’est-à-dire de négliger la réadaptation et la formation des détenus et de s’en tenir uniquement à leur « entreposage » pour la durée de leur sentence, puis de les libérer sans les outils ou les connaissances nécessaires à leur réinsertion sociale.

Dans son rapport intitulé : « Feuille de route pour une sécurité publique accrue », publié en 2007, le Comité d’examen du SCC concluait que l’emploi et l’employabilité figuraient parmi les cinq domaines clés devant être améliorés. Le Comité était sans équivoque en écrivant que « [l]a réadaptation des délinquants est mise en péril s’ils n’ont pas la possibilité de gagner leur vie après leur mise en liberté. »

Le mandat du SCC, qui se veut un mandat de réadaptation et de réinsertion sociale, indique qu’il cherche à aider les délinquants à avoir un meilleur niveau d’employabilité et, par conséquent, à faciliter leur réinsertion dans la société et sur le marché du travail. Les délinquants doivent être occupés de façon significative.

La Feuille de route ajoute que le SCC doit « intégrer les initiatives d’emploi et d’employabilité aux programmes d’éducation et aux programmes correctionnels à l’intérieur de la journée carcérale restructurée, » ce que les principes directeurs de CORCAN tentent de faire en recommandant que « [l]es directeurs adjoints devraient porter au maximum les heures de travail, en tâchant d’obtenir 37,5 heures de travail par semaine ». Le SESG se demande comment les détenus dans les centres de réception, qui ne feront que réchauffer et resservir les repas, pourront atteindre cet objectif. Nous ne voyons pas ce qu’ils feront pendant leurs heures de travail ou comment ce travail d’automate pourrait être intéressant et satisfaisant.

Le SESG demande au SCC de reconsidérer ce nouveau modèle de programme correctionnel à l’américaine et de rester fidèle aux valeurs canadiennes de réadaptation et de réinsertion sociale, non pas de châtiment.