Commémoration de la tragédie de Portapique par le SESJ

Il y a cinq ans, la pire fusillade de masse de l’histoire de notre pays a coûté la vie à 22 innocents à Portapique, en Nouvelle-Écosse, et a profondément affecté des milliers d’autres personnes. 

Le SESJ rend hommage à tous ceux qui ont été touchés par cette tragédie, y compris les familles qui ont perdu des êtres chers et ceux qui ont été blessés ou terrorisés au cours de ce déchaînement de violence. Cela inclut Lisa Banfield (la conjointe du tireur), tous les membres de la GRC, le Service correctionnel du Canada, les autres premiers intervenants, ainsi que l’ensemble de la communauté de Portapique dont les résidents ont été directement ou indirectement marqués. 

De nombreux membres du SESJ en Nouvelle-Écosse – qui sont des agents de la sécurité publique fédérale employés par la GRC et le SCC – ont été profondément affectés par cette tragédie en raison de leur rôle opérationnel au sein de la GRC et du SCC. 

Nous savons que les Canadiens et les nombreux Néo-Écossais dont la vie a été bouleversée par cet horrible événement n’oublieront jamais cette journée. 

Le Rapport final sur les pertes massives, intitulé Turning the Tide Together, a été publié le 30 mars 2023. Il comprend 7 volumes – totalisant plus de 3 000 pages – et consiste en un examen approfondi des nombreuses facettes du maintien de l’ordre et des facteurs sociétaux qui ont été en jeu avant, pendant et après ces événements horriblement traumatisants survenus dans une région rurale de la Nouvelle-Écosse. 

Le SESJ a profité de l’occasion de la publication du rapport en mars 2023, pour faire ressortir les recommandations suivantes qui demeurent d’actualité : 

  • Nous devons repenser le rôle de la police dans un écosystème plus large de sécurité publique. Il faut apporter des changements en profondeur pour répondre aux divers besoins de sécurité et de bien-être des communautés au xxie siècle. La philosophie actuelle du maintien de l’ordre doit changer. Les enjeux entourant l’interopérabilité entre les services d’urgence et les autres partenaires de la sécurité communautaire, par exemple, doivent être améliorés ». 

Les membres du SESJ sont mentionnés brièvement dans le rapport dans le contexte des premiers intervenants et des prestataires de services, y compris le personnel des opérations de police au sein de la GRC et d’autres services de police, les professionnels des services de santé d’urgence, les pompiers et d’autres personnes fournissant des services de première ligne. 

Cela dit, le rapport n’est pas explicite en ce qui concerne les rôles spécifiques que les membres du SESJ auraient joués en tant que professionnels ce jour-là. De vagues notions « d’équipes opérationnelles de la GRC » sont mentionnées tout au long du rapport. La Commission n’a cependant pas fait d’examen ni mené des entretiens approfondis avec les membres du SESJ – qui faisaient et font toujours partie de l’ossature opérationnelle de la GRC – peut-être en partie parce que nombre d’entre eux n’étaient pas en première ligne la fin de semaine en question.

Il va de soi que l’accent ait été mis presque entièrement sur les 22 victimes, les divers témoins et leurs familles, ainsi que sur les policiers et les autres membres clés du personnel de la police qui ont joué un rôle ce jour-là. 

Le rapport insiste notamment sur les points suivants :

  • « La politique de la GRC exige qu’un commandant sur place soit désigné lors d’un incident critique impliquant un déploiement rapide pour une intervention immédiate (DRAI), mais personne n’a été nommé pour remplir ce rôle. L’absence d’un commandant sur place formé a eu un impact négatif considérable sur l’intervention de la GRC en cas d’incident critique à Portapique. »

L’impact sur le personnel opérationnel de la GRC, qui était pourtant profondément impliqué dans de nombreux aspects du maintien de l’ordre ainsi que de la promotion et de l’application de la sécurité publique, est moins reconnu. 

En revanche, la partie du rapport consacrée au Centre de communication opérationnelle de la GRC et aux sous-officiers qui ont participé à l’intervention depuis d’autres régions est pertinente pour les membres du SESJ. Elle présente et examine l’approche de la GRC en matière d’intervention en cas d’incident critique dans les premières heures de la tragédie. 

Si la Commission reconnaît clairement la nécessité de créer des partenariats importants avec des partenaires communautaires externes, des agences, etc., elle n’a cependant pas examiné en détail les rôles spécifiques des employés de la fonction publique fédérale ou des membres civils de la GRC. 

La Commission appelle en outre à une meilleure coordination entre les agences connexes et les services de police qui sont supervisés par différents ordres de gouvernement (municipal, provincial, fédéral, etc.).

Le SESJ note que les services psychologiques d’urgence mis à la disposition d’autres groupes impliqués dans la tragédie n’ont pas été étendus à ceux qui travaillaient en coulisses (sur le plan technique ou opérationnel) lors des événements.

L’accent a été mis sur l’information et le soutien aux familles des victimes, aux citoyens affectés et à la communauté, ce que le SESJ soutient pleinement, car ces services étaient manifestement nécessaires et importants. 

Néanmoins, même au sein de la GRC, les employés de la fonction publique et les membres civils n’ont malheureusement pas eu accès aux services de soutien offerts aux agents de la GRC. 

Violence fondée sur le sexe 

Le SESJ reconnaît l’étendue et la gravité de la violence fondée sur le sexe, qui touche les partenaires intimes, les enfants, les familles et les organisations. Le SESJ appuie la recommandation selon laquelle il faut s’efforcer de mobiliser une réponse de l’ensemble de la société; mettre l’accent de manière concertée et à long terme sur la priorité à accorder à l’expérience des femmes; faire passer la sécurité en premier; et imposer des mesures de responsabilité sérieuses. 

Le rapport affirme que : 

  • pour mettre la sécurité au premier plan, il faut « sortir les femmes et les filles de la pauvreté, décentrer le système de justice pénale, mettre l’accent sur la prévention primaire et soutenir une masculinité saine ».

La ruralité et la violence fondée sur le genre sont souvent liées, comme le montrent les différents rapports sur les Femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Comme le SESJ représente près de 20 000 employé-e-s fédéraux-ales de la sécurité publique d’un océan à l’autre qui vivent et servent dans un large éventail de communautés urbaines, rurales et éloignées, nous soutenons tous les efforts visant à mieux doter en ressources les agences et organisations dans les régions rurales et éloignées du Canada. 

Cela inclut les domaines du maintien de l’ordre, de la prévention de la violence et un investissement majeur dans les familles et la prochaine génération. Le terme « femmes » dans ce texte s’entend dans son sens le plus large possible pour inclure toutes les personnes qui se définissent comme femmes et qui sont victimes de violence basée sur le genre. 

Conclusion

En conclusion, la Commission sur les pertes massives représente une analyse historique de l’une des plus grandes tragédies modernes du Canada. La complexité et la sophistication de ce rapport sont impressionnantes, mais le fait que de nombreux membres du SESJ continuent d’être oubliés est très décevant. 

Les fonctionnaires fédéraux qui travaillent pour la GRC constituent un élément crucial de l’ossature opérationnelle de la GRC d’un océan à l’autre et ils ont été profondément touchés par ce qui s’est passé à Portapique et dans les régions avoisinantes. 

Leur rôle dans le soutien de tous les aspects des opérations de la GRC est très important et leurs expériences vécues en tant qu’employé-e-s de la GRC et résident-e-s de la Nouvelle-Écosse et de la région de l’Atlantique doivent être mieux comprises alors que la GRC va de l’avant avec un grand nombre des recommandations de ce rapport.