Point de vue d’une jeune présidente de section locale
par Sharon Bull
La première fois que j’assistais à l’AGA de ma section locale, j’avais 24 ans et j’en suis sortie présidente par acclamation (j’étais la quatrième personne à qui on demandait et la première à accepter). Au moment de l’élection, l’exécutif était complet, mais deux semaines plus tard, le chef délégué syndical remettait sa démission et j’ai dû terminer la première année sans pourvoir le poste. Trois semaines après l’élection, je me dirigeais pour Ottawa pour ma toute première Conférence des président-e-s de section locale. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre! Lorsque j’ai rencontré mon VPR le premier matin en compagnie d’autres président-e-s de sections locales, il m’a présentée comme le « bébé » du groupe. Voyez-vous, à 24 ans j’étais la plus jeune du groupe, peut-être même la plus jeune présidente de section locale que mon VPR ait jamais vue. J’ai passé les deux premières années de mon mandat de présidente de section locale à m’inscrire à tous les cours qui se présentaient, parce que j’en avais, et j’ai toujours, tant à apprendre. Quelques mois après mon élection, j’ai eu l’occasion d’assister à la toute première Conférence régionale des jeunes travailleurs de l’AFPC en C.-B. Cette conférence m’a donné la confiance de poursuivre ma formation syndicale, de continuer à participer aux activités syndicales et de faire de mon mieux pour apprendre tout ce que je pouvais. Lors de cette conférence, j’ai rencontré un autre jeune travailleur qui représentait aussi le SESG et nous sommes vite devenus amis.
J’ai continué de suivre les cours offerts par l’AFPC et je rencontrais toujours avec enthousiasme les autres militants du SESG, mais nous n’étions jamais très nombreux. Près de la fin de mon premier mandat de présidente, j’ai appris l’existence des conseils régionaux et des comités de femmes de l’AFPC et j’ai commencé à y participer. J’ai été choisie pour participer au Programme de développement syndical (PDS) de l’AFPC en 2015 et j’ai été surprise, mais emballée, de pouvoir profiter d’une telle occasion. Le PDS m’a permis de rencontrer plusieurs autres militants du SESG et je m’estime chanceuse de chacune de ces rencontres, car elles m’ont beaucoup enseigné. J’ai consacré beaucoup de temps et d’énergie au PDS. Malheureusement, j’ai vécu un grave épuisement professionnel et j’ai dû me distancer du monde syndical pour environ six mois. Par la suite, j’ai commencé à prioriser et réévaluer mes activités afin de déterminer ce qui m’était le plus important. J’ai décidé que j’aimais vraiment le travail régional, ce qui signifiait que je devais retourner à ma section locale. J’ai alors eu l’occasion de reprendre le rôle de présidente de section locale pour le SESG et j’étais bien heureuse de le faire.
J’étais, selon moi, bien mieux préparée au rôle de présidente de section locale la seconde fois, après toute la formation suivie. Après quelques mois de retour dans le rôle de présidente, je me suis rendu compte que la seule constante, c’est qu’il y avait beaucoup à apprendre! L’appel pour la Conférence des jeunes travailleurs de la C.-B. a été lancé et j’étais impatiente d’y assister de nouveau. Tout au long de ma carrière syndicale, j’ai toujours aimé travailler avec mes jeunes collègues, car ils m’inspirent et m’encouragent et je m’efforce chaque année d’assister à cette conférence. Je pense que le fait de travailler avec de jeunes collègues me donne tant d’énergie parce que je suis semblable à tous les autres dans la pièce. Nous en sommes tous au même point dans la vie et nous avons beaucoup en commun. J’ai été agréablement surprise cette année, car je rencontrais plusieurs de mes jeunes collègues pour la première fois. De plus, cinq des participants, moi comprise, provenaient du SESG! Au cours de la fin de semaine, mes échanges avec les autres participants m’ont incitée à songer à ce que signifie être membre du SESG. Pendant le PDS, quelqu’un a mentionné la fierté d’élément! Je dois admettre que j’ai dû lui demander ce que cela voulait dire, mais après, j’ai tout compris. Je savais ce que signifiaient les mots, mais je n’avais encore jamais rencontré le phénomène. Nous avons eu une excellente conversation sur ce que signifie la fierté d’élément pour la jeune génération et la place qu’elle occupe au sein du syndicalisme.
Je peux honnêtement dire que la fierté d’élément a vu le jour en moi lors de la Conférence des jeunes travailleurs. J’étais en compagnie de quatre collègues du SESG et je les écoutais attentivement décrire ce qu’ils vivaient et, en particulier, le fait de rassembler un groupe d’employés de la GRC et du Service correctionnel afin de discuter de façon informelle. Le SESG compte plus de 16 000 membres répartis dans 140 sections locales distinctes. Nous sommes donc nombreux, chacun de nos récits et de nos contextes est unique, mais ils ont de nombreux points communs. J’ai ressenti une certaine fierté à voir mes collègues du SESG et les jeunes travailleurs d’autres éléments se réunir et travailler ensemble. Pour la première fois, je me suis sentie bien à ma place dans mon élément. J’ai seulement compris ce que signifie la fierté d’élément après avoir eu l’occasion de suivre des cours qui n’étaient pas nécessairement liés au SESG.
Maintenant, le fait de travailler avec d’autres militants du SESG a une signification plus importante pour moi, car je sens que je reviens à ma section locale une militante mieux formée. Je crois que nous devrions encourager la fierté d’élément dans le cadre de l’esprit de solidarité. La fierté d’élément ne signifie pas que nous sommes meilleurs que les autres, mais que nous désirons partager avec eux les choses qui sont bien faites et qui pourraient leur être utiles. Si un élément fait quelque chose particulièrement bien, nous devrions partager l’idée et nous-mêmes l’utiliser. Continuons aussi à souligner ce que fait très bien le SESG.
La Conférence des jeunes travailleurs comprend la participation au Forum des jeunes travailleurs de la British Columbia Federation of Labour, où nous avons eu l’occasion d’entendre un excellent groupe d’experts. Ensuite, nous nous sommes divisés en petits groupes pour poser des questions et discuter avec d’autres jeunes travailleurs provenant d’autres syndicats de la province. J’ai beaucoup aimé échanger avec d’autres jeunes travailleurs et leur expliquer ce que nous faisons.
Le mouvement syndical s’en veut un de solidarité et peu importe que l’on travaille avec d’autres militants du SESG, de l’AFPC ou d’un autre syndicat, il est important de partager sa fierté d’élément. Même si le monde moderne présente tant d’enjeux, on me dit souvent que les syndicats n’y ont plus leur place. Nous savons bien que ce n’est que de la foutaise, mais je crois que le fait d’être fier de notre syndicat et de nos origines nous donne la confiance de confronter de telles déclarations. Nous faisons tous partie d’un mouvement syndical plus large et nous aidons ce mouvement à progresser lorsque nous exprimons notre fierté syndicale!