La grande ouverture du Centre correctionnel communautaire Jamieson à Dartmouth, en N.-É.

Par Carol Osborne, VPR du SESJ, selon une allocution de Robyn Gay, présidente de section locale du SESJ

La grande ouverture du Centre correctionnel communautaire Jamieson à Dartmouth, en N.-É., a eu lieu le 15 août 2017. Le CCC est nommé en l’honneur du défunt confrère Paul Jamieson. Le confrère Jamieson était un agent de libération conditionnelle respecté du Service correctionnel du Canada à Halifax pendant 25 ans. Comme l’immeuble héberge des employé-e-s et des délinquants du Service correctionnel du Canada, il est approprié qu’il soit nommé en l’honneur d’un agent de libération conditionnelle d’influence qui a eu un impact sur tant d’employé-e-s du Service et membres de la communauté.

La consœur Robyn Gay, collègue et présidente de la section locale 80073 du SESJ, agent-e-s de libération conditionnelle dans la collectivité en Nouvelle-Écosse, et les employés et membres ont joué un rôle clé pour faire nommer le CCC en l’honneur du confrère Jamieson.

Lorsque la consœur Gay a rencontré le confrère Jamieson, elle était bénévole à la Independent Living Society. Elle était toujours à l’université et avait commencé à faire du bénévolat dans le cadre d’un programme intitulé « Opening Doors »; programme conçu pour aider les délinquant‑e‑s handicapés à réintégrer la communauté. Le confrère Jamieson était membre du conseil d’administration et avait joué un rôle clé dans l’élaboration de ce programme unique en son genre au sein du SCC à l’époque et qui représentait la version initiale de ce que fait maintenant la Stratégie en matière de santé mentale. Le confrère Jamieson l’a prise sous son aile et l’a encouragée à se porter volontaire auprès du SCC et d’étudier la libération conditionnelle. Au fil du temps et avec patience, le confrère Jamieson l’a accompagnée et ne s’est jamais frustré en lui expliquant, étape par étape, la façon d’accomplir une tâche. Autant la consœur Gay l’aidait à accomplir ses tâches quotidiennes, il l’aidait au centuple à devenir une meilleure personne, une meilleure amie et une meilleure agente de libération conditionnelle.

Le confrère Jamieson était un merveilleux mentor et ami. Il n’hésitait jamais à saluer ceux et celles qu’il croisait et à leur offrir un chaleureux sourire. La plupart du temps, ils ou elles venaient le voir et partageaient une anecdote et un sourire avec lui.

Le confrère Jamieson était originalement de l’Île-du-Prince-Édouard, mais a fini par s’installer dans la banlieue nord d’Halifax. Il était fier prince-édouardien, mais aussi fier banlieusard du nord. Il a fréquenté les universités Saint Mary’s et Dalhousie et a obtenu des baccalauréats en sociologie et en travail social. Il a ensuite travaillé comme agent de libération conditionnelle avec le Service correctionnel du Canada et pris sa retraite après 25 ans.

Le confrère Jamieson avait une passion pour lutter pour les droits des personnes handicapées. Il travaillait d’arrache-pied pour apporter des changements aux codes provinciaux, au transport et à la Loi sur les droits de la personne. Il est devenu membre de nombreux comités et organismes communautaires. 

Il était coordonnateur provincial de LEO (League for equal opportunities). Il a organisé des conférences pour les sous-groupes provinciaux sur l’accessibilité. Deux de ses collègues et lui-même ont élaboré le logo de stationnement bleu et blanc servant pour les espaces de stationnement réservés aux personnes handicapées et exercé des pressions sur le gouvernement pour plus d’accessibilité à Halifax. Leur objectif était d’apporter des modifications aux codes provinciaux, aux codes du transport et à la Loi sur les droits de la personne. Il a connu de nombreux succès en raison de son engagement.

Le confrère Jamieson était membre du groupe de la section locale d’Halifax nommé DIAL (Disabled Individual Alliance League) pendant 10 ans. Leur objectif était de faire en sorte que le gouvernement entende les préoccupations des personnes handicapées. Il a occupé de nombreux postes au sein de cette organisation.

Pendant plus de 10 ans, le confrère Jamieson et plusieurs autres se sont employés à créer le Peer Partnership. Cette organisation a connu de nombreuses réussites à Halifax pour enfin changer son nom à Metro Resource Centre for Independent Living. Ils et elles étaient d’avis que certaines personnes handicapées avaient besoin d’une infrastructure pour les aider à organiser leurs vies après une grande tragédie ou une grave maladie et ils et elles ont créé le Centre pour aider les gens à naviguer les divers systèmes pour obtenir les services dont ils avaient besoin. Il était fondateur de Opening Doors, programme novateur du Centre de ressources destiné à aider à la réadaptation des délinquant-e-s handicapé-e-s. Ce programme était offert pendant quatre ans et environ 80 délinquant-e-s handicapé-e-s ont pu en profiter.

Alors qu’il travaillait au Service correctionnel du Canada, le confrère Jamieson était membre du Comité consultatif national pour les personnes handicapées. Ce comité se rencontrait chaque été, dans diverses provinces, pour discuter des enjeux à résoudre. Il se rendait de la côte est à la côte ouest pour représenter les préoccupations de la région des Maritimes pendant 10 ans. En tant que président élu, il a organisé la conférence de Halifax, en 1996. De nombreux changements ont été adoptés pour s’assurer de répondre aux besoins médicaux des employé-e-s et détenu-e-s du SCC.

Le confrère Jamieson était aussi bénévole au sein du groupe de travail de la Nouvelle-Écosse sur les soins de santé primaires. Il représentait la communauté des personnes handicapées et les changements qu’elle souhaitait qu’on aborde. Ce comité comptait de nombreux médecins des provinces de l’Atlantique, ainsi que des spécialistes, mais il était la seule personne handicapée représentant les préoccupations des personnes handicapées. Ils se rencontrent de façon régulière, les vendredi et samedi soirs, pour recenser les besoins médicaux dans la province.

En 1993, les Timbres de Pâques, anciennement le Centre canadien de réadaptation pour personnes handicapées, ont accordé au confrère Jamieson le prix Ability Fund for the March of Dimes. En 2010, il a reçu le prix SCP 65 de la lieutenante-gouverneure Mayann Francis. Ce prix indique que « la SCP tient à vous féliciter pour vos objectifs et pour confronter vos défis avec esprit, autonomie et autodétermination. Vous exemplifiez la façon de vivre la vie au maximum. » 

Le confrère Jamieson était aussi membre actif de son église. Ceux et celles qui le connaissaient savaient à quel point Dieu lui était important. Il a enseigné l’école du dimanche dans sa paroisse pendant plusieurs années.

Ce qu’on n’a pas encore mentionné, c’est que le confrère Jamieson a accompli tout ce qui précède à partir de son fauteuil roulant. Il y a un vieux dicton selon lequel la vie consiste, à 10 %, de ce qui nous arrive et à 90 % de ce que nous en faisons. Le confrère était l’incarnation même de ce concept. Lorsqu’un traumatisme médullaire l’a rendu tétraplégique lorsqu’il était plus jeune, il a décidé de ne pas laisser cela le définir. Le confrère Jamieson était le premier tétraplégique qu’ils rencontraient. Le fait d’être confiné à un fauteuil ne l’a pas empêché de devenir la meilleure personne qu’il le pouvait; il a tout simplement dû le faire de façon différente. Certaines choses n’ont peut-être pas fonctionné la première fois, mais avec son sens de l’humour et sa détermination, il a tout simplement recommencé jusqu’à ce qu’il réussisse. 

Le confrère Jamieson continue d’avoir une influence sur bon nombre de personnes qui travaillent au SCC. La consœur Gay est la représentante de la région de l’Atlantique au sein d’un groupe de travail sur les personnes handicapées. Alors même qu’elle travaillait à la conception de ce plan, elle a réussi à y incorporer ce qu’elle a appris du confrère Jamieson pour continuer à protéger les droits des employé-e-s handicapés, ce qu’il avait commencé plusieurs années auparavant.

Le confrère Jamieson a eu un impact considérable sur la communauté où il habitait et travaillait et a touché la vie et le cœur de ceux et celles qu’il côtoyait. Il était certes un fonctionnaire et membre du SESJ inspirant, entièrement dévoué à sa carrière et à la communauté, qui a ouvert la voie à plusieurs autres.

Homme distingué dans tous les sens du mot, le confrère Jamieson prêchait par l’exemple de façon discrète, humble et efficace et a ainsi établi la norme pour ses successeurs. Il possédait aussi le rare talent de savoir quand « abandonner la subtilité », lorsque nécessaire, pour protéger les droits d’autrui. Paul Jamieson est un nom qui représente la sorte de personne que nous devrions tous vouloir être. Plusieurs employé-e-s ont gravi les rangs les ailes du confrère Jamieson et ils et elles parlent tous du concept de s’abandonner à son « Jamieson intérieur » lorsqu’ils travaillent avec des personnes dans le besoin. Il serait souhaitable que toute personne qui franchit les portes du Centre Jamieson adopte ces mêmes pensées et croyances. Il nous manque réellement, mais son patrimoine communautaire ne sera pas oublié.

Nous sommes très fiers et fières d’avoir assisté à l’ouverture et nous remercions l’épouse du confrère Jamieson, Marilyn, et sa fille, Jenna, d’avoir été des nôtres.

La nature scientifique de l’humain ordinaire est de faire de son mieux.
— John Prine