Ce que tous doivent savoir sur les répercussions directes des compressions du gouvernement Harper sur eux
Le gouvernement Harper fait des saccages avec ses efforts de réduction des coûts, activité aussi appelée le Plan d’action pour la réduction du déficit, alors que ses ministres répètent ad nauseam le mantra du parti selon lequel il protège les contribuables contre les fonctionnaires rapaces. Les Canadiennes et Canadiens croient peut-être que la seule incidence quauront pour eux ces compressions sera une attente plus longue pour les services. Ce gouvernement les tient dans le noir par rapport à l’impact direct de ces compressions sur leur sécurité. Citons comme exemple les réductions du personnel de première ligne dans la communauté du Service correctionnel du Canada et l’impact direct qu’aura la stratégie devant faciliter ces réductions sur la sécurité des Canadiennes et Canadiens.
Il faut en tout premier comprendre le rôle d’un agent de libération conditionnelle dans la collectivité. En bref, il est chargé de surveiller les délinquants fédéraux et provinciaux dans le cadre de diverses formes de libération conditionnelle (comme le placement à lextérieur, la libération conditionnelle de jour et totale, la libération d’office et les ordonnances de surveillance de longue durée). Les délinquants quil surveille présentent divers niveaux de «risque», notamment les délinquants sexuels/violents récidivistes à risque élevé.
Les agents de libération conditionnelle doivent évaluer de façon continue le risque de récidive des délinquants à l’aide d’entrevues, d’observations, d’écoute, de questionnement et de counseling. Il doit très bien connaître les antécédents des délinquants et participer à tous les aspects de leurs vies afin de remplir son mandat et s’acquitter de ses tâches. Pour ce faire, l’agent de libération conditionnelle rencontre les délinquants de façon régulière et fréquente, à divers endroits, comme à la maison, au travail, chez leurs amis et familles, ainsi qu’au bureau. C’est là l’essentiel du travail d’un agent de libération conditionnelle, rencontrer les délinquants.
Ces rencontres lui permettent de tisser des liens avec le délinquant et d’apprendre à connaître son comportement «normal». Tout écart par rapport à la norme signale à l’agent de libération conditionnelle qu’il est temps d’intervenir, avant que le délinquant ne récidive. Il protège ainsi la sécurité du public canadien.
Divers rapports et diverses enquêtes du Bureau de l’enquêteur correctionnel permettent de conclure que l’agent de libération conditionnelle est responsable du dossier des délinquants et qu’il est responsable, en définitive, de chacun de ses aspects. Le public est en droit de s’attendre à ce qu’on surveille les délinquants en libération conditionnelle, particulièrement les plus dangereux et ceux à risque très élevé, en appliquant les normes les plus strictes qui soit. La protection du public contre le risque de récidivisme ne devrait JAMAIS être directement compromise par des compressions budgétaires.
Jusquici, 42 postes d’agent de libération conditionnelle dans la collectivité ont été éliminés à l’échelle du pays. En outre, des modifications apportées à certaines politiques réduisent la «fréquence de contact» avec les délinquants. Ce changement, qui cherche à légitimer les compressions susmentionnées, mènera vraisemblablement à l’élimination d’autres postes de première ligne, alors qu’on demande aux agents de libération conditionnelle de réduire la fréquence de leurs rencontres avec les délinquants les plus dangereux.
Bien qu’on a indiqué aux agents de libération conditionnelle qu’ils pourraient rencontrer les délinquants plus fréquemment s’ils estiment que le risque le justifie, les ressources pour faciliter ces rencontres ne seront pas disponibles, ce qui les empêche de s’acquitter de leurs fonctions tout en les blâmant de «ne pas prendre le temps» de rencontrer les délinquants aussi souvent qu’ils le devraient.
Cette réduction de service, qui pourrait très facilement produire de nouvelles victimes, semble plutôt hypocrite si on considère le programme de lutte ferme contre la criminalité du gouvernement actuel. Cela fait également mentir la promesse du gouvernement de ne pas éliminer de postes de première ligne susceptibles d’avoir des incidences sur les Canadiennes et Canadiens.