Les députés Ferreri et Bezan visitent le centre correctionnel communautaire d’Osborne avec le président Neufeld et le VPR Sandelli

Le 3 mai dernier, les députés James Bezan (Selkirk—Interlake—Eastman) et Michelle Ferreri (Peterborough—Kawartha) se sont joints à David Neufeld et Jeff Sandelli, respectivement président et vice-président régional du SESJ, ainsi qu’à d’autres représentants du syndicat pour visiter le centre correctionnel communautaire (CCC) Osborne, à Winnipeg, au Manitoba.

Madame Ferreri a assisté à bon nombre d’événements commandités par le SESJ à Ottawa, dont la cérémonie de remise des Prix de la sécurité publique du SESJ en avril dernier. Monsieur Bezan, quant à lui, côtoie des membres du SESJ qui travaillent au Service correctionnel du Canada puisqu’il visite tous les ans l’Établissement de Stony Mountain, dans sa circonscription. Les deux députés ont affirmé vouloir poursuivre ce processus de collecte d’information et de témoignages auprès des premières lignes.

L’agente de libération conditionnelle (ALC) Lesley Thibault et l’intervenant en réinsertion sociale Max Becker-Golden, qui travaillent tous deux au CCC, ont eu l’amabilité de faire don de leur temps pour animer la visite et répondre aux questions. Pour amener les députés à mieux comprendre le processus de réinsertion, ils ont présenté un survol du système fédéral et des étapes d’incarcération, y compris la possibilité de participer à des programmes et de profiter de services en vue d’une éventuelle mise en liberté surveillée dans la collectivité.

Les députés ont appris certains des avantages de la mise en liberté surveillée du système fédéral, qui comprend des principes de responsabilité, d’encadrement, de suivi et de soutien, comparativement à l’« expiration de la peine », où les délinquants sont laissés à eux-mêmes, ce qui compromet en quelque sorte la sécurité de la collectivité.

Les députés ont posé de nombreuses questions sur les différentes formes de mise en liberté dans la collectivité et sur l’application des modèles de surveillance et de soutien. Le groupe a appris que depuis une dizaine d’années, il y a un virage systématique dans le profil des personnes libérées au CCC, qui peut accueillir jusqu’à 40 délinquants. Il y a maintenant une forte concentration de délinquants à risque et à besoins élevés, c’est-à-dire des gens qui, proportionnellement, ont le plus grand potentiel de récidive, mais aussi le plus besoin d’intervention puisqu’il y a souvent des complexités comme un diagnostic de maladie mentale grave et persistante.

Cette augmentation notable du nombre de cas complexes s’accompagne d’un besoin immédiat de soutien, d’intervention et de surveillance, car il est bien connu que les 30 premiers jours de la libération sont les plus stressants et les plus propices à la récidive. Pour ce qui est des ressources allouées au CCC, le groupe a appris qu’il y a quatre ALC (ce qui signifie dix délinquants pour un-e ALC), un intervenant en réinsertion et un Aîné qui se consacrent entièrement aux délinquants qui résident au CCC. Un-e agent-e de programmes et un-e infirmier-ère psychiatrique fournissent également des services, mais gèrent d’autres dossiers en dehors du CCC. En outre, le personnel a l’impression d’avoir la responsabilité morale de se surpasser pour essayer de combler les lacunes qu’entraîne le manque de ressources, et se sent maintenant surmené. Il a été conclu qu’en ajustant le ratio ALC-délinquant à un niveau plus raisonnable ou en fournissant plus de ressources en santé mentale, il serait possible de voir une nette amélioration.

Ayant pris connaissance des complexités du CCC et du manque de ressources, les députés ont posé des questions sur la santé et de la sécurité des personnes qui y travaillent. Ils ont appris que depuis environ dix ans, il y a un roulement de personnel élevé chez les ALC, certain-e-s finissant par faire appel à l’indemnisation des accidents du travail et d’autres étant mutés ailleurs à cause de traumatismes psychologiques. Ces traumatismes semblent être tantôt directs (menaces directes ou exposition à de la violence), tantôt cumulatifs, puisque ces employé-e-s lisent, entendent et voient des choses exceptionnellement crues et troublantes.

Les députés ont tous deux reconnu la nécessité de protéger le personnel de la sécurité publique, surtout compte tenu de son importance dans la protection de la population canadienne. Madame Ferreri a d’ailleurs évoqué la campagne du SESJ sur la couverture de maladies par présomption, ce qui a lancé une conversation à ce sujet. Toutes les personnes présentes étaient d’accord : quand un de nos membres signale avoir été affecté psychologiquement par son travail et avoir besoin d’aide, les programmes des CAT provinciales devraient fournir une couverture par présomption, c’est-à-dire que nos membres ne devraient pas avoir à faire une demande et risquer de se faire rejeter. Ils devraient plutôt recevoir un soutien immédiat comme celui sur lequel peuvent compter les policier-ère-s et les pompier-ère-s dans la plupart des provinces et territoires.

Les députés ont aussi eu droit à une visite guidée des installations, dont la cuisine où les délinquants peuvent stocker et préparer les aliments qu’ils achètent. Ils ont appris que les détenus, jusqu’à ce qu’ils trouvent un emploi, reçoivent une allocation de 12 dollars par jour pour subvenir à tous leurs besoins élémentaires. Ils ont aussi pu visiter l’une des petites chambres où résident deux délinquants, ce qui les a amenés à constater qu’à bien des égards, l’espace est pire que ce qu’on trouve en prison. Ils ont ensuite vu les espaces communs et les endroits où se déroulent les programmes dans le sous-sol, et ont remarqué l’ampleur des problèmes dans le centre, notamment les fuites et les dégâts généraux. Compte tenu du taux de criminalité relativement élevé dans les environs du CCC, les députés ont souligné les défis auxquels doivent faire face les délinquants et, par conséquent, nos membres.

À la fin de la visite, les deux députés ont exprimé leur gratitude pour le temps qu’ont pris les gens pour échanger avec eux, et ont remercié nos membres pour leurs loyaux services. 

Le SESJ a à son tour remercié les députés d’avoir pris le temps de venir comprendre la réalité de nos membres en première ligne, et reste ouvert à la possibilité de permettre à d’autres députés intéressés de venir voir les lieux où notre personnel de la sécurité publique fait ce travail essentiel.