Lettre ouverte à l’honorable Mona Fortier de la part du président national, David Neufeld

L’honorable Mona Fortier, députée (Vanier)
Présidente du Conseil du Trésor
Ottawa, ON

Madame la Ministre,

Le 15 décembre 2022, le Secrétariat du Conseil du Trésor a informé les ministères et les organismes que les employés de la fonction publique fédérale devront retourner au travail au bureau pour un minimum de 2 à 3 jours par semaine.  L’intention déclarée de cette exigence est d’assurer une ” cohérence ” dans l’ensemble de la fonction publique fédérale. Tous les ministères ont reçu ordre de suivre les mêmes directives.

En vertu de ce nouveau modèle de travail hybride obligatoire, les employé.e.s devront travailler sur place au moins 2 à 3 jours par semaine, soit 40 à 60 % du temps de leur horaire régulier.  Ce nouveau modèle s’appliquera à l’ensemble de l’administration publique fédérale, et les divers ministères et agences gouvernementles ont été encouragés à adopter une stratégie semblable.  Le Conseil du Trésor propose une transition progressive vers ce nouveau modèle hybride obligatoire, à partir du 16 janvier 2023, la mise en œuvre complète étant prévue pour le 31 mars 2023.

Bien que le SESJ se réjouisse de voir que le Conseil du Trésor ait reconnu la valeur d’un environnement de travail hybride, le SESJ s’oppose fermement à l’absence de consultation des syndicats de la fonction publique fédérale dans l’élaboration de cette politique.  En outre, le SESJ est profondément préoccupé par le manque de souplesse dans l’application de cette politique, puisqu’elles ne tient pas compte des circonstances de travail ou les capacités particulières de chaque employé.e.

  1. Le SESJ a toujours encouragé une approche proactive et collaborative pour définir la ” nouvelle normalité ” post-pandémique en ce qui concerne les options disponibles pour les employé.e.s de la fonction publique fédérale pour travailler à distance, se tourner vers le télétravail et/ou travailler directement sur place. Le SESJ reconnaît également que les approches adoptées par les ministères et les agences varient considérablement lorsqu’il s’agit de naviguer dans l’environnement pandémique/post-pandémique – en fonction de la nature du ministère, de l’agence, de la région, du rôle joué par les employé.e.s ainsi que du niveau de risque perçu ou réel d’infection au COVID 19.
  2. L’application générale d’une politique à l’échelle du gouvernement fédéral en ce qui concerne le travail sur place (ne constituant pas moins de 40 à 60 pour cent de leur horaire régulier) ignore activement des considérations cruciales relatives au milieu de travail, y compris :  
    • la valeur réelle de l’engagement en personne, in situ, dans l’augmentation de la productivité et de la performance ; 
    • la mesure dans laquelle l’employé.e de la fonction publique fédérale peut être tout aussi productif/productive, sinon plus, en accomplissant le travail à distance ;
    • les conditions sanitaires au sein de l’espace de bureau sur place (si cela s’applique), étant donné qu’il y a beaucoup moins d’espaces de bureau réservés dans la fonction publique fédérale et beaucoup plus d’espaces de travail à aire ouverte. 

De plus, dans le contexte du travail de sécurité publique de grande valeur qu’accomplissent la plupart des membres du SESJ, cette nouvelle politique ne tient pas compte du fait que de nombreux espaces de travail fédéraux sont des environnements chaotiques, en constante évolution, qui ne créent pas toujours les conditions propices au travail le plus productif. 

  1. Le SESJ exhorte le Conseil du Trésor à adopter une approche nuancée, prudente et informée lorsqu’il détermine les environnements dans lesquels travaille chaque employé.e de la fonction publique fédérale. Cela signifie qu’il faut procéder à une évaluation solide de ce qui constitue un environnement de travail productif, sur place, pour toutes les catégories d’employés fédéraux qui sont concernées par cette politique.

Le SESJ demande également une justification claire de la part des équipes de direction concernant les raisons précises d’obliger un.e employé.e à retourner sur le lieu de travail physique à un minimum de 40 à 60 pour cent du temps – en des termes qui clarifieront l’avantage acquis par une éventuelle présence accrue sur le site de travail lui-même.

Cela signifie qu’il faut suspendre immédiatement le mandat de ” retour au travail ” jusqu’à ce qu’il y ait des discussions approfondies avec les syndicats de la fonction publique fédérale et une démonstration claire de la validité de cette directive. 

Les syndicats de la fonction publique fédérale ont une connaissance approfondie de ce qui a bien (et moins bien) fonctionné pour les centaines de milliers d’employés de la fonction publique fédérale qui ont travaillé sans relâche tout au long de la pandémie. Durant toute cette période, les employés de la fonction publique fédérale représenté.e.s par le SESJ ont fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation à des conditions de travail sans précédent, tout en faisant progresser la sécurité publique.  

Pour aller de l’avant, il est essentiel d’adopter une approche équilibrée qui reconnaît la valeur de la flexibilité envers le lieu de travail tout en restant vigilant à l’égard de tout risque pour la sécurité publique, afin de disposer d’une main-d’œuvre en bonne santé et motivée.

En tant que partenaire syndical clé, le SESJ estime qu’il est impératif que, conformément aux directives antérieures du Conseil du Trésor, les agences et les ministères travaillent activement et en collaboration avec les agents de négociation afin de déterminer les mesures de travail appropriées pour l’avenir. 

Malheureusement, cette directive du Conseil du Trésor annoncée récemment aura pour effet de créer un stress et des perturbations indues pour des dizaines de milliers d’employé.e.s de la fonction publique fédérale qui ont travaillé avec diligence pour s’adapter à des arrangements de travail hors site au plus fort de la pandémie, parfois avec des familles à la maison, des écoles fermées et beaucoup d’incertitude.

Le SESJ est une organisation dynamique, fondée sur des données fiables, qui s’engage à obtenir des résultats solides en matière de politique publique – et une main-d’œuvre fédérale de sécurité publique bien formée et bien soutenue. Le SESJ est impatient de faire le gros du travail aux côtés des cadres supérieurs des 18 ministères et agences qu’il représente afin de déterminer des plans de transition post-pandémie sûrs et viables qui feront progresser la sécurité publique – et qui ne compromettront pas le travail crucial entrepris par les fonctionnaires fédéraux, ni le bien-être de ces fonctionnaires eux-mêmes.

Cordialement, 

David Neufeld 
Président national, SESJ