Une lettre ouverte au Premier Ministre Harper

Le Syndicat des employé-e-s du Solliciteur général (SESG) met sérieusement en doute la décision de votre gouvernement de fermer les six prisons agricoles du Canada. Nous sommes d’avis que cette décision n’y va pas du meilleur intérêt des participants au programme agricole ni du meilleur intérêt du public canadien.

Fermer les prisons agricoles aura des effets néfastes sur tout le monde.

Les fruits et les légumes, le boeuf, le porc, la volaille, les oeufs, le lait et les céréales cultivés par les détenus-agriculteurs offrent une bonne part des aliments destinés à leurs populations carcérales mères. Les produits alimentaires actuellement fournis par le programme agricole devraient être achetés. La quantité d’argent en jeu dans ce type d’achat assujettirait la transaction à la réglementation en vertu de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), ce qui signifie que la nourriture serait offerte par le plus bas soumissionnaire. Ce ne serait pas une question d’assurer la qualité ni de conserver les Canadiens en situation d’emploi, mais plutôt d’épargner quelques dollars en nous adressant à nos voisins du Sud.

Les prisons agricoles se répercutent également sur leurs collectivités locales. Les entreprises locales fournissent de l’équipement aux fermes. Les fermes contribuent tout excédent aux banques alimentaires et aux oeuvres de bienfaisance locales, en redonnant à leurs communautés.

Le lien étroit entre les détenus et les animaux est manifestement un avantage thérapeutique pour les prisonniers. De plus en plus d’études constatent que la thérapie à recours animalier devient un facteur important dans la prévention des récidives et aide à résoudre les problèmes de gestion de la colère. Cela peut faire en sorte que les prisonniers font l’objet d’une bonne préparation en vue de leur remise en liberté et leur réinsertion éventuelle dans la société.

Votre gouvernement affirme que les coûts liés à l’exploitation des prisons agricoles s’élèvent à 4 millions $ par année. Nous avons demandé à répétition qu’une vérification juricomptable soit effectuée, mais votre administration refuse d’accuser réception de la demande. Compte tenu de ce manque évident de transparence, nous ne pouvons nous empêcher de nous interroger sur la face cachée des choses. Ou est-ce simplement un exercice comptable qui cherche à supprimer un programme fructueux pour remanier des budgets et injecter l’argent dans des projets de prédilection?

Nous vous invitons, vous et tout autre parlementaire, à vous rendre dans une des prisons agricoles et à y effectuer une visite des installations. Les détenus sont plutôt fiers du travail qu’ils accomplissent et verraient d’un bon oeil l’occasion de vous montrer leurs réussites.

Votre gouvernement se dit sévère sur la loi et l’ordre, mais il faut également trouver un juste équilibre entre les mesures adoptées et le sort réservé aux personnes qui se retrouvent prises dans l’engrenage. Les prisons agricoles offrent aux prisonniers une seconde chance de se rééduquer.

Nous vous demandons d’annuler la décision de votre gouvernement de fermer les prisons agricoles et de conserver nos valeurs canadiennes de compassion et de réadaptation.

Le président national,
John Edmunds
Le Syndicat des employé-e-s du Solliciteur général