Publié le jeudi 23 août 2018 à 10 h 18; Mis à jour le 23 août 2018 à 20 h 00 par Radio-Canada
Le Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT) a lancé, jeudi, un processus d’approvisionnement pour le remplacement du système de paye Phénix, qui a connu de multiples ratés depuis sa mise en place en février 2016.
Les problèmes liés au service de paye actuel sont totalement inacceptables, et le gouvernement canadien s’engage à corriger la situation pour ses employés
, a fait savoir le SCT dans un communiqué.
Le Secrétariat espère avoir un prototype fonctionnel en 2019, mais l’année de la mise en oeuvre sera déterminée à l’issue du processus. On ne sait pas encore, par exemple, s’il y aura un ou plusieurs systèmes de paye pour les employés fédéraux.
Il s’agit d’une première pour le SCT, puisque ce processus d’approvisionnement du système de paye de l’État était autrefois la responsabilité de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC).
Or, la gestion de SPAC dans ce dossier a souvent fait l’objet de critiques virulentes de la part de divers syndicats de la fonction publique canadienne.
Tout le processus sera supervisé par le SCT, spécifiquement sous Alex Beany, dirigeant principal de l’information au gouvernement du Canada.
On va ouvrir ça à n’importe qui, une grosse compagnie, une petite compagnie
, a affirmé M. Beany. Ça va être ouvert à tout le monde […] on va faire les évaluations avec les utilisateurs […] ça va vraiment être basé sur la technologie et les besoins des utilisateurs.
Le budget fédéral de 2018 prévoyait 16 millions de dollars pour financer une phase d’exploration. Cette dernière permettait aux représentants du gouvernement de discuter avec les entreprises intéressées à décrocher le contrat afin de concevoir un meilleur système de paye et de ressources humaines pour les employés fédéraux.
Optimisme prudent de la part de certains syndicats
Des syndicats réclament depuis longtemps un nouveau système de paye pour remplacer Phénix, mais ils soutiennent qu’il ne faut pas oublier les milliers de travailleurs qui subissent encore les conséquences des ratés du système.
En fin de compte, on veut que le fédéral voie toutes les solutions possibles, pas seulement celles du secteur privé
, a soutenu Sean O’Reilly, vice-président de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC).
M. O’Reilly suggère notamment d’adopter le système de l’Agence du revenu du Canada. Selon lui, ce système pourrait, avec quelques ajustements, être mis en place pour le reste de la fonction publique.
Pour sa part, Greg McGillis, le vice-président exécutif de la région de la capitale nationale pour l’Alliance de la fonction publique du Canada, a dit être heureux que le gouvernement ait décidé de chercher un système capable de payer les fonctionnaires de manière fiable.
Il ne faut pas arrêter les efforts pour trouver des solutions pour le système actuel. Ça, c’est très important pour nous
, a-t-il fait valoir, ajoutant qu’il y avait, selon lui, un peu plus d’espoir qu’avant.
Une demande des syndicats et une recommandation du Sénat
Au moins 17 syndicats représentant plus de 225 000 fonctionnaires, dont l’IPFPC, ont demandé au fédéral, l’hiver dernier, la création d’un nouveau système de paye pour remplacer Phénix.
Le mois dernier, le rapport du Sénat sur l’échec du système de paye recommandait au gouvernement d’examiner si d’autres solutions conviendraient mieux aux ministères présentant des besoins complexes au chapitre de la rémunération, plutôt qu’un système de paye centralisé
.
Le rapport demandait aussi aux libéraux d’expliquer au Parlement les options envisagées pour remplacer Phénix, leurs coûts et les mesures prévues afin de ne pas reproduire les ratés de Phénix
.
Sa mise en œuvre précipitée et sa défaillance ont entraîné des erreurs dans la paye d’environ 152 000 fonctionnaires, coûtant ainsi près de 1 milliard de dollars aux contribuables canadiens, et on s’attend à ce que ces coûts passent au-delà de 2 milliards de dollars d’ici 2023
, avait alors commenté le sénateur du Nouveau-Brunswick Percy Mockler.
Le rapport estimait à quelque 2,2 milliards de dollars le montant des dépenses imprévues que le gouvernement devait assurer, au lieu d’économiser 70 millions de dollars par an grâce à la centralisation des opérations de la paye.