« La peur règne » à l’Établissement d’Edmonton, selon le SESG, après la publication d’un rapport décrivant un système d’intimidation
Par Marion Warnica, CBC News Affiché le : 29 juin 2017 3 h HNR; Dernière mise à jour : 29 juin 2017 3 h 36 HNR – Union, public safety minister push for action at ‘toxic’ Edmonton prison
Le ministre de la Sécurité publique du Canada a demandé au Service correctionnel du Canada de préparer un rapport sur les mesures prises pour prévenir le harcèlement, entre employés et des employés, alors même qu’un syndicat critique vertement la réponse aux problèmes notoires de harcèlement à l’Établissement d’Edmonton, établissement à sécurité maximale.
Dans un courriel adressé à CBC News, un porte-parole pour Ralph Goodale a dit que son cabinet avait transmis sa demande directement au commissaire du Service correctionnel du Canada (SCC).
« Le ministre Goodale a demandé au commissaire [Don] Head de préparer un rapport sur les mesures prises jusqu’à maintenant par le SCC pour assurer à ses employés un milieu de travail libre de harcèlement et de violence sexuelle, sur ses plans pour l’avenir et sur les défis qu’il doit relever pour enregistrer des progrès, » disait Scott Bardsley.
Cela survient après que CBC News ait mis au jour des allégations explosives selon lesquels on aurait manqué de répondre à des appels à l’aide de détenus parce que les gardiens de l’Établissement d’Edmonton participaient à de longues conversations de nature explicite sur les téléphones de bureau.
Plus récemment, CBC News a obtenu un rapport cinglant décrivant d’une culture de travail dysfonctionnelle au sein de l’établissement. Ce rapport, préparé par une société de consultants indépendante, TLS Enterprises, décrivait un environnement si toxique et empreint de harcèlement qu’il le comparait au film de science-fiction des années 1950, The Blob.
Le rapport a aussi identifié, sans les nommer, cinq ou six agents correctionnels qui semblent avoir pris contrôle de l’Établissement d’Edmonton et abusé de leur pouvoir pour en conserver le contrôle.
« La peur s’impose en souveraine »
Le rapport a recommandé 40 changements, y compris la formation d’employés dans un autre établissement pour les six premières semaines et la désignation de « personnes respectées » à qui les travailleurs pouvaient présenter des plaintes de harcèlement.
Le SCC affirme qu’il appuie les recommandations et qu’il a mis sur pied un comité pour les mettre en œuvre. Toutefois le syndicat qui représente plus de 100 employés de l’établissement crie au scandale.
« Le fait de demander à la direction de corriger un problème qu’elle a ignoré pendant des décennies n’est pas la solution, » de dire Stan Stapleton, président national du Syndicat des employé-e-s du Solliciteur général (SESG).
M. Stapleton a lui-même travaillé à l’Établissement d’Edmonton pendant 20 ans à titre de gardien, à compter de 1983. Il dit avoir passé deux jours la semaine dernière à rencontrer des employés d’Edmonton qui lui ont dit avoir très peu confiance dans la façon dont le SCC aborde la situation.
M. Stapleton indique que ses membres et lui-même sont principalement préoccupés par le fait que le comité est présidé par l’équipe de direction actuelle. Une des recommandations de TLS était d’embaucher un nouveau directeur permanent, ainsi qu’une nouvelle équipe de direction.
« La peur règne, » disait-il. « Et toute cette négativité a une incidence sur nos résultats de réadaptation. »
Le syndicat représente la plupart des employés de réadaptation des délinquants, comme les agents de libération conditionnelle, les enseignants, les agents de programme et les agents chargés des cas.
« Les problèmes sont si bien ancrés dans cette prison, » disait M. Stapleton. « Je ne crois pas que les personnes qui travaillent ici peuvent rectifier la situation. »
« Premiers pas » vers des solutions à long terme
Selon le syndicat, ce qui importe le plus pour le moment, c’est d’adopter trois des recommandations du rapport dès que possible :
Établir un tiers indépendant à qui les employés peuvent présenter leurs plaintes de harcèlement.
Embaucher un nouveau directeur permanent et une nouvelle équipe de direction.
Faire enquête auprès des cinq ou six gardiens identifiés comme ayant pris contrôle de l’Établissement d’Edmonton et qu’on considère comme source de la majeure partie de la toxicité.
En tant qu’agents correctionnels, ces personnes sont représentées par un autre syndicat : le Syndicat des agents correctionnels du Canada (SACC). Le SACC n’a pas répondu aux demandes de commentaires de CBC.
Le Service correctionnel du Canada dit prendre les préoccupations de M. Stapleton très sérieusement.
Le porte-parole Jeff Campbell a confirmé dans un courriel que l’agence est dans le processus d’embaucher un nouveau directeur permanent et a ajouté que « pour des raisons de protection de la vie privée, l’information au sujet de l’inconduite des employés ne serait pas rendue publique. »
« Nous avons reçu la lettre du SESG et nous examinons à l’heure actuelle les options pour aborder de façon efficace les recommandations de TLS Enterprises et du SESG, » a écrit M. Campbell. « Notre organisation s’est donné comme priorité d’offrir à ses employés un milieu de travail positif et respectueux. »
M. Campbell n’a pas précisé si le SCC envisageait de nommer un tiers indépendant pour présider le comité sur les solutions pour l’Établissement d’Edmonton ou si on prévoyait nommer une personne indépendante pour traiter les plaintes.
Il a souligné le fait que le comité en est au « tout début » de son travail. Pour sa part, le rapport de TLS a aussi formulé un plan pour aborder les enjeux à long terme de l’établissement, plan dont la mise en œuvre prendrait trois ans.
M. Goodale avait commandé, le printemps dernier, ce rapport exhaustif sur le harcèlement du commissaire du SCC, demande qu’il avait aussi adressée à l’Agence des services frontaliers du Canada, à la Commission canadienne des libérations conditionnelles, à la GRC et au SCRS.
Il a demandé que ces rapports soient prêts d’ici la fin de l’année.