Republié avec la permission du Telegraph-Journal du 21 mars 2019. Récit de Doris Ziafati
St. John – Les centres correctionnels communautaires (CCC) de l’ensemble du Canada ont été victimes de coupes budgétaires fédérales, laissant les établissements avec moins d’agents de libération conditionnelle et plus de problèmes de sécurité publique et du personnel, a déclaré un représentant syndical.
Le Centre correctionnel communautaire de Parrtown à Saint John – le seul centre correctionnel communautaire fédéral au Nouveau-Brunswick – a vu l’élimination d’un poste d’agent de liaison avec les services correctionnels communautaires à la suite du Plan d’action de réduction du déficit (PARD) du gouvernement fédéral en 2014.
Parrtown est géré par le Service correctionnel du Canada (SCC), l’organisme fédéral responsable de l’incarcération et de la réadaptation des délinquants reconnus coupables condamnés à une peine de deux ans ou plus. Six détenus ont quitté l’établissement depuis le début de l’année et un d’entre eux demeure illégalement en liberté, selon le service de police de Saint John.
En plus de l’élimination du poste d’agent de liaison avec les services correctionnels communautaires, un poste d’agent de libération conditionnelle a également été supprimé à Parrtown, selon la vice-présidente régionale du Syndicat de la Sécurité et de la Justice des employés (SESJ), Carol Osborne.
Parrtown héberge un maximum de 26 délinquants sous responsabilité fédérale en liberté conditionnelle dans la communauté. Il y avait trois agents de libération conditionnelle dans l’établissement, mais maintenant, il n’y en a plus que deux, selon Mme Osborne.
La proportion d’agents de libération conditionnelle par rapport aux délinquants sous responsabilité fédérale qu’ils peuvent surveiller à Parrtown est par conséquent passée de 1:8 à 1:13, ce qui signifie que les agents de libération conditionnelle ont vu leur charge de travail augmenter de 45 %, de dire Mme Osborne.
« C’est là un impact énorme sur leur capacité de faire leur travail », a-t-elle déclaré. « Ils se sentent submergés. Nos agents de libération conditionnelle, ce sont des professionnels qui veulent faire du bon travail et ils font un travail fantastique. Mais la charge de travail mène à un taux élevé d’épuisement professionnel.
Selon leur convention collective, les agents de libération conditionnelle travaillent dans les CCC sept heures et demie par jour, mais Mme Osborne a expliqué que plusieurs d’entre eux travaillent « au-delà de cela » et qu’ils ne sont pas rémunérés pour les heures supplémentaires. Elle a ajouté que les gens partaient en congé de maladie prolongé, ce qui est un problème partout au Canada.
De plus, Mme Osborne a reçu des griefs et des plaintes d’agents de libération conditionnelle concernant la sécurité du personnel, en particulier lorsqu’ils se rendent au domicile des délinquants et dans leurs lieux de travail.
Le député Wayne Long a également exprimé des inquiétudes au journal concernant le niveau de sécurité à Parrtown. Le Telegraph-Journal a demandé un entretien avec le Service correctionnel du Canada pour répondre aux allégations. Le ministère n’a pas fourni d’information avant la publication.
Un groupe de travail composé de représentants du SESJ et du SCC, publiait, en mai 2018, un rapport préliminaire intitulé Examen de la charge de travail des centres correctionnels communautaires. Le SESJ y recommandait de revenir au ratio de 1:8. Il insistait aussi pour que le poste d’agent de liaison avec les services correctionnels communautaires de Parrtown soit rétabli.
« Nos limites actuelles concernent le financement et l’assurance que nous disposons des ressources appropriées pour faire notre travail » a déclaré Mme Osborne. « Cela a certainement un impact sur la sécurité publique, la quantité de travail supplémentaire pour notre personnel. »
Les représentants du SESJ et ses agents de libération conditionnelle ont également rencontré le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, lors d’une table ronde tenue à Ottawa le 31 janvier pour partager leurs expériences en première ligne.
Dans un courriel adressé au Telegraph-Journal, Scott Bardsley, gestionnaire des médias et des communications au cabinet du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, a déclaré que les agents de libération conditionnelle en établissement et dans la collectivité avaient soulevé un certain nombre de questions, y compris les niveaux de dotation et les incidences du PARD du précédent gouvernement conservateur, lors de leur rencontre avec le ministre Goodale.
« Nous allons continuer à travailler avec eux pour résoudre les problèmes qu’ils ont soulevés, notamment en créant un environnement de travail sûr et favorable pour aider les employés à promouvoir la réadaptation et la réinsertion sociale des délinquants sous responsabilité fédérale », écrivait M. Bardsley. Il a ajouté que le gouvernement fédéral avait investi dans le système correctionnel canadien, notamment :
- 448 millions de dollars pour la mise en œuvre du projet de loi C-83 visant à éliminer l’isolement préventif.
- Le budget de 2017 prévoyait 65,2 millions de dollars sur cinq ans pour aider les Autochtones précédemment incarcérés à se réadapter.
- Le budget de 2017 prévoyait 57,8 millions de dollars sur cinq ans dans le but d’accroître la capacité en soins de santé mentale des détenus sous responsabilité fédérale.
- Le budget 2018 prévoit 20,4 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans dans le but d’améliorer la capacité de soins de santé mentale des détenus sous responsabilité fédérale.
- Le budget de 2018 prévoyait la réouverture des fermes pénitentiaires de Joyceville et Collins Bay à l’aide d’un budget de 4,3 millions de dollars sur cinq ans.
- 95 millions de dollars annoncés dans le budget de 2019.