LES TRAUMATISMES PSYCHOLOGIQUES TRÈS RÉPANDUS CHEZ LES EMPLOYÉS FÉDÉRAUX DE SÉCURITÉ PUBLIQUE

Un nouveau rapport demande au gouvernement fédéral de prendre des mesures pour protéger les travailleurs de la sécurité publique et de la justice qui sont exposés à des documents traumatisants

Stan Stapleton – Président national SESG

OTTAWA, ON (mardi 20 juin 2017) – Un rapport publié aujourd’hui par le Syndicat des employé-e-s du Solliciteur général (SESG) demande au gouvernement fédéral de prendre des mesures pour protéger et reconnaître les travailleurs de la sécurité publique et de la justice qui sont à risque de subir des blessures psychologiques par leur exposition à des traumatismes indirects au travail.

Le rapport de 60 pages indique que la majorité des employés de sécurité publique interrogés subissent les effets négatifs de la nature violente des récits criminels, des déclarations de victimes, des éléments de preuve graphiques et des documents connexes dont ils doivent assurer la gestion dans leur environnement de travail de niveau de stress élevé. Il s’agit d’agents de libération conditionnelle et d’enseignants et d’autres employés dans les prisons fédérales, ainsi que des membres travaillant dans les détachements de la GRC, les tribunaux fédéraux et à la Commission des libérations conditionnelles du Canada.

« Le lourd tribut qu’impose l’exposition constante aux traumatismes aux travailleurs de première ligne, comme les policiers, les ambulanciers paramédicaux et les pompiers, est bien connu, » disait le président national du SESG, Stan Stapleton. « Pourtant les travailleurs de la sécurité publique et de la justice qui travaillent en coulisses sont touchés de façon disproportionnée par l’exposition aux traumatismes indirects dans le cadre de leur travail. Ces travailleurs ne reçoivent pratiquement aucune formation, ils sont peu préparés, ont droit à très peu de mesures de protection et sont très peu reconnus pour leurs blessures. »

Plus des trois quarts des travailleurs de la sécurité publique interrogés, 79 %, ont dit qu’ils avaient subi certains impacts personnels après avoir vu des documents traumatisants.

« Nous pourrions écrire un livre et personne ne croirait ce que nous voyons, lisons, entendons et endurons et avec lequel nous devons composer chaque jour, » a répondu une agente de libération conditionnelle. « Comment peut-on lire les récits les plus traumatisants, horrifiant et terrifiant qui soient et ensuite rentrer à la maison sans en apporter avec soi? »

Le rapport contient diverses recommandations de mesures fédérales afin d’aider à reconnaître et prévenir l’effondrement psychologique et les autres symptômes débilitants dont souffrent les travailleurs exposés de façon régulière à des traumatismes indirects. On y demande aussi des mesures destinées à changer la culture du milieu de travail.

Les répondants, pour la plupart des femmes, comprenaient des fonctionnaires de la GRC qui transcrivent des centaines d’heures de déclarations de victimes qui décrivent des cas d’abus sexuel d’enfants; des agents de libération conditionnelle qui documentent les détails de la vie de délinquants violents; et des agents de programme qui évaluent et traitent les délinquants sexuels.

Les répondants ont dit faire des cauchemars et souffrir d’insomnie, vivre des difficultés ou des accès émotionnels, éprouver des sentiments de peur et de deuil, connaître des problèmes conjugaux et perdre la santé physique. Une adjointe de service dans un détachement de la GRC qui est exposée à des situations traumatisantes plusieurs fois par jour a dit que « sa façon d’élever ses enfants a changé en raison de ces expériences traumatisantes. » Une analyste de la GRC a décrit la façon dont l’exposition à des dossiers de crimes violents l’a poussée à se retirer, à faire preuve de vigilance accrue et à avoir de la difficulté à avoir confiance dans les autres. »

« Ces conclusions ont de l’importance pour la question plus large de la sécurité publique, » disait M. Stapleton. « Il faut comprendre que la sécurité publique est plus que l’intervention traditionnelle de première ligne et que nous nous devons de protéger les employés et les appuyer dans les rôles critiques qu’ils assument pour assurer la sécurité des Canadiens. »

La majorité des répondants ont dit que leur employeur actuel n’offre pas une formation suffisante et ne les prépare pas à l’exposition continue aux récits traumatisants, criminels et graphiques. Plus de la moitié des répondants travaillant pour le Service correctionnel du Canada ont aussi mentionné que leur environnement de travail voit les impacts relatifs à la santé mentale comme une faiblesse personnelle des employés.

« La culture au travail supporte seulement le congé de maladie lorsqu’un employé est victime d’agression physique, » disait un agent de libération conditionnelle. « On stigmatise les employés qui deviennent dépressifs ou qui se sentent surmenés en raison des documents traumatisants ou de menaces à leur sécurité. »

SESG www.usge-sesg.com/fr

Le SESG représente plus de 16 000 membres qui travaillent afin d’assurer la sécurité des Canadiens. Les membres du SESG ont des rôles essentiels dans le système pénitentiaire fédéral et les détachements de la GRC partout au Canada. Ils travaillent à travers 17 ministères fédéraux afin de protéger la sécurité et la vie privée des Canadiens et pour faciliter l’accès à l’information, à la justice et aux droits de l’homme

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Recommandations :

Le rapport sur les blessures de stress opérationnel encourage le gouvernement fédéral à reconnaître les incidences négatives des traumatismes indirects, y compris le trouble de stress post-traumatique et autres blessures de stress subies par les employés fédéraux de Sécurité publique :

  • Modification de la Loi sur l’indemnisation des agents de l’État de façon à reconnaître les blessures de stress opérationnel des fonctionnaires exposés à des traumatismes directs et indirects – établissant ainsi un précédent incitant les commissions provinciales d’indemnisation des accidentés du travail à reconnaître les incidences des traumatismes de seconde main et à offrir une indemnisation.
  • Expansion du programme fédéral d’aide aux employés afin permettre aux fonctionnaires qui vivent un traumatisme de seconde main de consulter des conseillers spécialisés en traumatismes.
  • Élaboration d’une formation sur mesure en résilience et en préparation émotionnelle pour les nouveaux agents de sécurité publique et les agents actuels susceptibles d’être exposés de façon régulière à des documents traumatisants.
  • Conception et mise en œuvre de programmes et de formation contre la stigmatisation pour les nouveaux gestionnaires et les gestionnaires actuels des ministères de sécurité publique dont les employés sont susceptibles d’être exposés de façon régulière à des documents traumatisants.

Points saillants

  • 79,7 pour cent des répondants ont dit avoir subi certains impacts personnels après avoir vu des documents traumatisants comme des dossiers écrits, des images, des enregistrements sonores et des vidéos dans le cadre de leur emploi. 80 pour cent ont indiqué avoir vécu au moins l’un des symptômes suivants en raison du travail avec du matériel traumatisant: insomnie, cauchemars, dépression, consommation accrue d’alcool et de drogues, habitudes alimentaires malsaines et problèmes relationnels. L’insomnie a été déclarée en très grand nombre, chez 69,8 pour cent des répondants.
  • Parmi les 92 pour cent des répondants de l’ensemble des ministères qui travaillent avec des documents écrits ou des déclarations pendant une journée normale de travail, la vaste majorité (84 pour cent) ont dit être exposés à un contenu traumatisant. Plus de la moitié ont dit que cette exposition avait lieu au moins plusieurs fois par semaine, alors que plus du quart sont exposés plusieurs fois par jour.

« Comment puis‑je m’asseoir à mon bureau et devoir lire des documents et interagir avec un pédophile dont le groupe de victimes est celui de garçons âgés de 6 à 11 ans, alors que mes propres fils ont 6, 8 et 11 ans ? L’on ne peut pas être plus directement concerné que ça. » – Service correctionnel du Canada (SCC) agent de libération conditionnelle

« Cela en arrivait au point où l’anxiété me coupait le souffle quand je commençais à réfléchir à certaines choses. Et puis cela a conduit, vous savez, à ne plus dormir correctement et à avoir des cauchemars à propos de différentes choses. » – Gendarmerie royale du Canada, adjointe aux services de détachement

« Donc, essentiellement, sur une base quotidienne, je lis des comptes rendus d’homicides et d’agressions sexuelles tout au long de la journée. » – GRC, travailleuse dans la section des crimes violents

« Nous devons lire les rapports de police, nous devons lire les commentaires du juge, nous devons lire les déclarations d’impact des victimes, en fin de compte, que nous travaillons avec des délinquants très violents. Je travaille auprès de délinquants sexuels. » – Service correctionnel du Canada (SCC) agent de libération conditionnelle

  • Plus de trois quarts des répondants ont dit que leur employeur ne leur offrait pas de formation particulière pour lire et voir des documents traumatisants. La majorité n’avait reçu aucune formation pour écouter des récits traumatisants. Chez les répondants à la GRC et au SCC, 79 pour cent ont dit n’avoir reçu aucune formation pour lire ou voir des documents traumatisants.

« Nous avons reçu très peu de formation quand j’ai commencé… je me souviens quand j’ai obtenu ce travail, je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire… je ne savais pas au fond ce que j’aurais à affronter ou à composer avec tous les jours, et j’ai essentiellement appris à mesure. » – Gendarmerie royale du Canada, adjointe aux services de détachement

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