Perspective du Nord : Un membre du Service des poursuites pénales du Canada du SESJ apprend une leçon clé lors d’une formation de survie en milieu sauvage.

Tyler Morehouse, membre du SESJ, travaille au Service des poursuites pénales du Canada à Yellowknife depuis 2017. À l’heure actuelle, il est coordonnateur des témoins de la Couronne (CTC). Le travail d’un CTC exige que les membres se rendent dans des collectivités éloignées, donc tous les CTC du Nord suivent une formation en pleine nature pour garantir leur survie si jamais ils se retrouvaient bloqués dans une région éloignée. Lisez ci-dessous le récit de Tyler sur cette formation exigeante.

L’hiver peut être impitoyable dans les Territoires du Nord-Ouest. Les températures subarctiques peuvent souvent descendre jusqu’à -40 oCelsius, surtout au-delà de la limite des arbres, près de l’océan Arctique. Mais dans le Sud, juste à l’extérieur de Yellowknife sur la côte nord du Grand Lac des Esclaves, le climat peut être plus clément. Le 6 janvier 2021, la température était relativement douce, soit -20 oCelsius. Ce jour-là, dix collègues et moi – tous procureurs et fonctionnaires – avons participé à un programme de formation à la survie en hiver organisé par le groupe d’Intervention de l’Arctique.

Avant de partir, les instructeurs avaient passé en revue l’équipement que nous utiliserions et nous avaient expliqué ce à quoi nous devions nous attendre. Ils nous avaient prévenus que cette expérience ne serait pas comme du camping. Ils ne nous avaient pas menti.

Nous avons quitté nos foyers tôt le matin du 6 janvier et avons roulé jusqu’à une dizaine de kilomètres de Yellowknife. Après une randonnée de 20 minutes, nous sommes arrivés dans un boisé où nous passerions les 24 prochaines heures.

Peu après notre arrivée, nous avons commencé à ramasser de la neige pour bâtir un quinzhee, une structure faite de neige tassée. Hélas, un membre de notre groupe s’est fait mal au dos et nous n’avons pas pu terminer le quinzhee

Les instructeurs nous ont ensuite encouragés à nous mettre en équipes de deux pour la prochaine partie de l’exercice. Mon partenaire et moi nous sommes un peu éloignés du reste du groupe, en pensant que nous ne devrions ainsi pas avoir à rivaliser avec les autres pour le bois. Cela s’est révélé être une mauvaise idée.

Lorsque le soleil a commencé à baisser vers 15 heures, mon partenaire et moi nous sommes démenés pour terminer l’un des deux abris que nous avions espéré construire. Nous avons ensuite allumé un feu qui faisait toute la longueur de l’abri en espérant que le tas de bois que nous avions ramassé pourrait alimenter le feu toute la nuit. Que non! Nous avons dû aller chercher du bois quatre autres fois, au milieu de la nuit.

Notre appentis n’était pas solide, il ne tenait que par de la ficelle. J’avais essayé d’empiler des branches sur le toit et sur le plancher pour nous isoler du froid, mais j’ai manqué de temps. Au moment où le soleil s’est couché, il faisait trop noir pour continuer à travailler, et très vite nous avons manqué d’énergie. J’avais pensé aller visiter les autres équipes pour voir comment celles-ci se débrouillaient, mais ce ne serait pas pour cette nuit-là. Tous nos efforts seraient concentrés sur l’entretien de notre feu

Coucher du soleil (15 h 40), le soir du 6 janvier 2021. La photo a été prise juste avant que le téléphone de Tyler ne gèle!

Pendant la nuit, mon partenaire et moi avons décidé de dormir à tour de rôle afin que l’autre puisse entretenir le feu. J’ai dormi en second. J’avais laissé mon équipement dans la neige, loin du feu. Lorsque je me suis glissé dans mon sac de couchage, plutôt que d’emprisonner ma chaleur à l’intérieur du sac, le froid accumulé dans le sac me faisait perdre toute ma chaleur corporelle. Même s’il ne s’agissait que d’un exercice de simulation, j’ai senti une panique bien réelle me gagner, car j’étais à quelques centimètres du feu et j’étais incapable de me réchauffer.

Inutile de dire que la nuit a été difficile. Cependant, entre s’occuper du feu, trouver du bois, avoir très très froid et apprendre à se réchauffer, nous nous en sommes sortis. Vers 10 h du matin, après que le soleil a finalement commencé à se lever, les membres du groupe d’intervention de l’Arctique ont mis fin à l’exercice.

Les instructeurs ont rassemblé tout le monde, et nous avons discuté des résultats de la nuit de chacun. Tout le monde n’était pas resté jusqu’à la fin. Pour toutes sortes de raisons, certains avaient trouvé la nuit trop dure pour continuer et avaient demandé à partir. Nous étions onze au départ; au matin, nous n’étions plus que huit.

Les huit personnes qui ont complété la formation. Tyler est à l’arrière, le deuxième à partir de la gauche. Il a les yeux fermés.

J’ai été frappé de voir à quel point tout le monde s’était serré les coudes et comment ils en avaient tous bénéficié. Ils ont pu se soutenir mutuellement et tous ont pu terminer leurs abris. Un groupe a même pu ériger des murs supplémentaires, transformant leur double appentis et leur feu en un véritable camp fortifié. En travaillant ensemble, ils ont accompli bien plus que ce que mon partenaire et moi avions pu faire tout seuls.

En fin de compte, c’est la plus grande leçon que j’ai tirée de cette formation en pleine nature. Les gens sont capables de faire beaucoup plus ensemble que seuls. Le meilleur outil qui a fait la différence, ce n’était pas une scie ni des fournitures, ce que mon partenaire et moi avions en abondance. La clé, c’était la coopération.

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Merci à Tyler d’avoir partagé cette expérience de son milieu de travail. Vous êtes membre du SESJ et vous aimeriez nous faire part d’une expérience de votre milieu de travail? Faites-la parvenir au service des communications du SESJ : USJEcommunicationSESJ@psac-afpc.com.