Séance d’information sur les questions autochtones en préparation à une réunion avec la commissaire cet automne

Le 18 mai dernier, le SESJ a organisé une séance d’information sur les questions autochtones afin de recueillir les témoignages de membres du Service correctionnel du Canada se définissant comme autochtones. 

David Neufeld, président national, et Shauna Ward, vice-présidente régionale et coprésidente du Comité sur l’équité, ont animé cette réunion de deux heures. La vice-présidente nationale et co-présidente du comité d’équité Lynette Robinson a aussi accueilli les participants. La VPR Shauna Ward a présenté trois grandes questions aux participant-e-s :  

1. En tant que personne autochtone, qu’est-ce qui vous rend fier dans votre travail? 

2. Quels sont les obstacles ou les défis des employé-e-s autochtones qui travaillent au Service correctionnel du Canada?

3. Quels changements faudrait-il faire pour surmonter les obstacles et relever les défis des employé-e-s autochtones au travail (c’est-à-dire sur le plan du recrutement, de la rétention et du perfectionnement)?

En explorant ces questions, les participant-e-s ont relevé d’importants enjeux. Au premier plan : les questions d’identité, d’investissements dans le perfectionnement professionnel des employé-e-s autochtones et non autochtones, la disponibilité des programmes et formations autochtones ainsi que le recrutement et la rétention du personnel.

L’embauche de personnel non autochtone pour les postes désignés pour les Autochtones demeure un problème important. Les gens qui ne sont pas de descendance autochtone claire et qui n’entretiennent pas un lien solide avec leur culture ne peuvent rendre justice à ce travail ni aux délinquant-e-s autochtones avec qui ils doivent travailler. 

Autre thème important de la discussion : le rôle des Aîné-e-s. À cause de mauvais traitements et du manque de compréhension entourant leurs efforts considérables, les Aîné-e-s sentent parfois qu’on leur manque de respect au point où ils doivent rompre leurs liens avec le SCC. Il s’agit là d’un véritable problème, car les Aîné-e-s jouent un rôle fondamental dans les cultures autochtones en général et dans les programmes de ressourcement, les cérémonies et d’autres programmes autochtones. Lorsqu’un-e délinquant-e autochtone entretient une bonne relation avec un-e Aîné-e et que celui-ci ou celle-ci doit partir, il y a une perte de soutien et une rupture dans le lien de confiance qui s’était établi.

Les participants ont reconnu que certains Aîné-e-s préfèrent le titre de gardien-ne du savoir traditionnel. Leur sagesse est souvent plus utile que celle des employé-e-s diplômés (détenteur-rice-s de doctorats et expert-e-s d’établissements occidentaux ou coloniaux). Pourtant, les Aîné-e-s ne sont pas rémunérés à la même hauteur.  

En outre, les participant-e-s ont souligné la nécessité d’investir davantage dans l’éducation sur les pratiques culturelles et de forger des partenariats externes pour pallier les lacunes dans le savoir culturel lorsque nécessaire. Certain-e-s ont fait remarquer que la formation actuelle en matière de savoir-faire culturel est bien intentionnée, mais insuffisante. Il pourrait être intéressant d’organiser des réunions mensuelles avec les Aîné-es, les agent-e-s de liaison autochtone et d’autres acteurs du milieu afin de se tenir à jour sur les protocoles, les pratiques et d’autres nouvelles. 

Les efforts de réconciliation et de décolonisation ont également fait l’objet d’importantes discussions. Les participant-e-s estiment qu’il est impératif de redonner aux membres autochtones leur voix. Il y a encore beaucoup de racisme qui passe sous le radar au sein du gouvernement fédéral. Autre avenue prometteuse : la création de cercles de réconciliation régionaux qui pourraient encourager la mobilisation. 

Les démarches autochtones comme les cercles de justice et les cercles de sentence sont des options dont il faudrait tenir compte et qu’il faudrait employer davantage. Dans ces modèles, le juge, le procureur, l’accusé, les employés de la justice, la police et certains membres de la famille se réunissent, et la victime a l’occasion de parler de son expérience. L’accusé peut aussi faire amende honorable. À la fin du processus, chaque personne fait une recommandation (sauf le juge et le procureur) avant la date du procès où le juge prononcera la sentence.  

Enfin, les participant-e-s à la séance d’information ont évoqué d’importantes préoccupations concernant le recrutement au sein des populations autochtones. Il y a notamment une grave pénurie d’Aîné-e-s et d’adjoint-e-s d’Aîné-e-s, entre autres postes, bien que la population autochtone au sein du service correctionnel augemente.

Les enjeux discutés lors de cette séance serviront de matière pour la table ronde que le SESJ tiendra avec la commissaire du SCC, la sous-commissaire des services correctionnels pour Autochtones et le ministre de la Sécurité publique dans la dernière semaine de septembre 2023. Cette réunion aura ainsi lieu la même semaine que la Journée de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre.