Le Syndicat des employé-e-s de la Sécurité et de la Justice, qui représente les employés des services correctionnels fédéraux, y compris les agents et agentes de libération conditionnelle, a demandé au Service correctionnel du Canada de rétablir immédiatement le Programme d’agents de liaison avec les services correctionnels communautaires, ou programme de liaison avec la police.
Cet appel fait suite à des incidents de violence accrue de la part des gangs au printemps dernier, au cours desquels un agent correctionnel provincial a été tué en Colombie-Britannique, et à l’homicide d’un délinquant fédéral en liberté conditionnelle, il y a une semaine, qui a été tué à l’extérieur d’un établissement résidentiel communautaire (maison de transition) à Calgary où il résidait.
« Lorsque les liaisons policières ont été déployées par le Service correctionnel du Canada entre 2007 et 2014, elles ont été fortement impliquées dans la supervision, la surveillance et l’appréhension des délinquants fédéraux en liberté conditionnelle libérés dans la communauté », a déclaré David Neufeld, vice-président national du Syndicat des employé-e-s de la Sécurité et de la Justice et ancien agent de libération conditionnelle fédéral.
En 2007, le programme de liaison avec la police a été créé pour améliorer les relations de travail entre le SCC et les forces de police de tout le Canada. Ils ont travaillé aux côtés des agents de libération conditionnelle dans tout le pays.
Il y en avait environ 17 au total qui ont été déployés dans les principaux centres urbains du pays, notamment en Colombie-Britannique, dans les Prairies, dans la région du Grand Toronto, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Malgré leur nombre limité, ils étaient à la disposition des agents et agentes de libération conditionnelle et des autres employé-e-s des établissements correctionnels fédéraux dans la collectivité.
Outre la récente escalade de la violence des gangs, plusieurs homicides ont été commis à l’extérieur des établissements correctionnels fédéraux, ce qui crée une vulnérabilité pour les délinquants et délinquantes qui réintègrent la collectivité et les employé-e-s des établissements correctionnels.
Outre le partage d’informations, les liaisons avec la police étaient également essentielles lorsqu’un délinquant ou une délinquante était en liberté conditionnelle et devait être réappréhendé par les autorités fédérales, ce qui permettait souvent d’éviter que le délinquant ou la délinquante ne se retrouve en liberté illégale.
« Il a donné aux agents de libération conditionnelle fédéraux et à la communauté policière un moyen ciblé de partager des informations cruciales, et d’obtenir le soutien de la police, ce qui est absolument essentiel lorsque vous avez affaire à des délinquants hautement criminalisés, en particulier ceux qui sont affiliés à des gangs », a ajouté M. Neufeld.
L’homicide d’un délinquant sous responsabilité fédérale à l’extérieur d’une maison de transition le week-end dernier a tiré la sonnette d’alarme parmi les quelque 1 400 agents et agentes de libération conditionnelle fédéraux du Canada, dont beaucoup travaillent dans la communauté et sont tenus d’effectuer des visites au domicile et sur le lieu de travail des délinquants sous responsabilité fédérale en liberté conditionnelle. Ces visites font partie de leur responsabilité légale de surveiller les activités et les déplacements des délinquants fédéraux.
Les agents et agentes de libération conditionnelle fédéraux sont des employés du service public qui travaillent à la fois dans les pénitenciers fédéraux et dans les communautés à travers le pays. Les agents et agentes de libération conditionnelle communautaires mènent des activités de surveillance communautaire sans être armés et sans avoir accès aux ressources de la police.
« Avec l’augmentation récente des taux d’affiliation à des gangs et de la violence dans la communauté, le risque pour les libérés conditionnels fédéraux eux-mêmes qui peuvent être impliqués dans des gangs, et pour ceux qui les supervisent, doit être pleinement reconnu », a ajouté le président national du syndicat, Stan Stapleton.
Le programme de liaison avec la police faisait partie d’une initiative intégrée de la police et des libérations conditionnelles au sein du Service correctionnel entre 2007 et 2014. Il retenait, par le biais de détachements, environ 15 à 17 agents et agentes de police chevronnés de la GRC et d’autres services de police locaux dans les principaux centres urbains du pays, à un coût d’un peu plus de deux millions de dollars par an.
Le programme a été supprimé en 2014 dans le cadre du plan d’action pour la réduction du déficit de l’ancien gouvernement Harper, au milieu des protestations du Syndicat des employés de la sécurité et de la justice. Les agents et agentes de liaison avec la police n’étaient pas représentés par le syndicat, mais étaient considérés comme une ressource inestimable pour ceux qui font le travail en première ligne. Le Syndicat des employés de la sécurité et de la justice a continué à demander le rétablissement du programme chaque année depuis, y compris dans sa présentation prébudgétaire en août 2020.
Le Service correctionnel du Canada a affirmé qu’il avait remplacé les liaisons policières par un nombre limité d’agents et agentes de renseignement spécialisés dans les prisons fédérales. Le SESJ rejette catégoriquement le fait que les ASO puissent jouer le même rôle, en particulier dans la communauté où l’on compte souvent des MILLIERS de délinquants fédéraux en liberté conditionnelle.
« Les agents et agentes de renseignement du secteur privé, bien qu’ils soient importants pour la collecte de renseignements dans le milieu correctionnel fédéral, ne peuvent tout simplement pas remplacer le rôle des agents et agentes de liaison avec la police, qui entretiennent des relations dynamiques au sein de leurs propres réseaux policiers et peuvent mobiliser rapidement des renseignements et du soutien. Le fait que le Service correctionnel du Canada laisse entendre qu’il s’agit de la même chose trahit un manque de compréhension des réalités de la surveillance des délinquants dans les collectivités du pays », a ajouté M. Stapleton.
« Tout simplement, il s’agit de la sécurité des agents et agentes de libération conditionnelle fédéraux et de leur capacité à se protéger, à protéger le public et les délinquants eux-mêmes qui peuvent courir un risque important de perpétrer un autre crime ou d’en être victime. Le Service correctionnel du Canada doit rétablir immédiatement le programme de liaison avec la police », a souligné M. Stapleton. « Ce problème ne va pas disparaître. Il ne se résoudra pas de lui-même »